Message du responsable scientifique de RAMHA

Le patrimoine archéologique de montagne en danger

Lorsque l’on parle de pillage archéologique, on pense immédiatement aux vols d’objets de valeur qui ont lieu à l’étranger, et aux problèmes de transferts de biens culturels au niveau international.

Bien plus proche de nous, la prospection sauvage (souvent au moyen de détecteurs de métaux, sans autorisation, sans aucune problématique archéologique et sans notifier les contextes de découverte) fait un massacre sur les sites archéologiques de montagne. Ces sites ne présentent que peu de sédimentation, ce qui met immédiatement en danger les couches archéologiques en place et les objets datants qui pourraient s’y trouver (des objets souvent métalliques).

En ce mois de juillet 2012, le Mur (dit) d’Hannibal a malheureusement été la cible de prospecteurs qui y ont effectué plusieurs sondages illicites. Ces personnes ont retourné le terrain sur plusieurs dizaines de centimètres de profondeur et à au moins un endroit sur près d’¼ de m2. Ces destructions semblent même avoir été planifiées à l’aide de l’article publié sur nos recherches dans l’Annuaire d’Archéologie Suisse en juin 2011, de par les emplacements choisis par les détectoristes.

Que dire sinon notre douleur, notre incompréhension et notre impuissance devant cet acte. En Valais la prospection est interdite avec quelque moyen que ce soit sur l’ensemble du territoire sans une autorisation spéciale de l’archéologie cantonale. Sur un site classé en zone archéologique, où un projet de recherche est en cours et où les rares objets datants découverts sont en métal, c’est plus qu’un gâchis, c’est tout simplement criminel…

Il est possible que les pillards n’aient pas découvert d’objets d’intérêt car le site est parsemé d’éclats d’obus. Ils ont cependant détruit des niveaux archéologiques en place qui peuvent se trouver à moins d’une dizaine de centimètres de la surface et contenir des éléments datants ou portant d’autres informations dont des vestiges non-métalliques.

Ces personnes spolient voire détruisent un bien commun et nous en appelons à tout un chacun pour nous aider dans la protection de ce patrimoine en danger qui seul nous permettra de mieux connaître le passé de la région.

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