2006, les débuts

Première appréhension du site

L’été 2006, après une maturité gymnasiale classique, Romain Andenmatten travaille déjà depuis plusieurs mois pour l’entreprise privée d’archéologie TERA Sàrl. Il apprend l’existence du Mur (dit) d’Hannibal suite à une discussion avec un collègue, Jean-Christophe Moret, sur le chantier archéologique autoroutier de Pfyngut (Valais) sur lequel il est en stage[1]. Après quelques recherches documentaires et après avoir rencontré Vincent Quartier-la-Tente, précurseur des recherches sur le site, il décide de se rendre sur place dans le courant de l’été pour se faire sa propre idée du lieu.

Si d’emblée, le site n’a rien à voir avec le général carthaginois Hannibal, aucune découverte archéologique n’y ayant été effectuée, on ne sait vraiment pas du tout à quoi l’on peut s’attendre. Le lieu est étonnant.

La position se situe à une altitude d’environ 2650m sur le versant est du Val d’Entremont, à l’amont du village de Liddes. Elle occupe une crête offrant de grandes distances d’observation en direction du sud et surplombe le fond de vallée de plus de 1000m.

Le site laisse apparaitre un nombre important de vestiges archéologiques qui n’ont que peu été perturbés par l’homme depuis l’abandon du lieu et n’ont parfois été recouverts par aucun dépôt sédimentaire. La construction la plus impressionnante du site est un mur monumental qui délimite un espace protégé de près de 3500m2 en s’appuyant contre un à-pic. Des aménagements se développent à l’intérieur et autour de cette enceinte.

Romain Andenmatten effectue seul, un premier relevé de terrain de l’enceinte, les 30 et 31 juillet 2006, à l’aide d’azimuts boussole et de mesures au mètre à ruban (Fig. 1).

Figure 1 - Liddes, Mur (dit) d’Hannibal, relevé à la boussole et au mètre à ruban du site, échelle 1:1'000, Andenmatten 2006

Ce relevé permet de visualiser l’emprise de l’enceinte, ses tronçons les mieux conservés, l’emprise de sa démolition et les limites de l’à-pic se situant au sud de la ligne de crête avec plus de précision que les relevés antérieurs. Ce travail, sans être totalement novateur, servira de plan de base dans le cadre de relevés topographiques postérieurs.

Le stagiaire archéologue prend également le temps d’observer l’inscription à caractères lépontiques découverte par Anne-Françoise Quartier-la-Tente en 2005 dans un abri à l’intérieur de l’enceinte (Fig. 2).  En 2006, celle-ci est considérée comme douteuse par plusieurs archéologues valaisans mais elle se trouvera être concordante avec les découvertes archéologiques effectuées en 2009 et 2010 et elle finira par être authentifiée en 2012 (voir la page : Inscription à caractères lépontiques).

Figure 2, Liddes, Mur (dit) d’Hannibal, Anne-Françoise Quartier-la-Tente lors de la découverte de l’inscription à caractères lépontiques, Quartier-la-Tente 2005.

Plus que de répondre à des questions, cette première visite sur le site ne fait qu’en ouvrir de nouvelles. Les archéologues qui encadrent Romain reconnaissent également que peu de structures comparables non datées se trouvent à si haute altitude dans les Alpes. L’idée de développer un programme de recherche sur le site poursuivra le jeune étudiant tout au long de ses premières années universitaires en archéologie.

PACCOLAT (dir.) 2011.

PACCOLAT, O. (dir.), Pfyn / Finges, évolution d’un terroir de la plaine du Rhône. Le site archéologique de « Pfyngut » (Valais, Suisse), Cahiers d’archéologie romande 121, Archeologia Vallesiana 4, Lausanne 2011, 444p.


[1] Paccolat (dir.) 2011.