Bilan 2018 et perspectives pour le début 2019

Le terrain 2018

Une équipe de bénévoles RAMHA, en collaboration avec l’archéologie cantonale valaisanne et la Soprintendenza per i beni e le attività culturali de la Regione Autonoma Valle d’Aosta, a pu explorer plusieurs secteurs inédits lors de la campagne de recherches 2018. Les interventions, de un à deux jours, se sont déroulées sur quatre sites. Deux positions étaient situées en Valais (Mont Carré, Plan de Tcholeire), une se trouvait sur la frontière entre le Valais et la Vallée d’Aoste (plateau oriental du Col ouest de Barasson) et la dernière était en Vallée d’Aoste (Punta Fetita).

L’étude préliminaire du site de Punta Fetita (topographie, relevé 3D par drone, documentation et sondages) a donné des résultats très encourageants et les caractéristiques de ce site, déjà mentionné sur un article de 2016 de https://www.andarpersassi.it, sont très similaires à celles du Mur (dit) d’Hannibal : une enceinte fortifiée contre à-pic de plus de 260m, plus d’une trentaine de fondations de cabanes, du matériel tardo-républicain ainsi que de la céramique de tradition indigène,… 

Fig. 1 - Recherches communes entre l’équipe de la Soprintendenza ai Beni e Attività Culturali et le groupe de recherches RAMHA, travaux de documentation, Punta Fetita, © RAMHA, août 2018.

Ces interventions ont permis de resserrer les liens avec les collègues valdôtains et laissent envisager de futures collaborations, aussi bien sur le terrain, dans des domaines techniques, que pour des études spécifiques. Ce qui sera d’une grande importance pour une meilleure compréhension du Mur (dit) d’Hannibal et des événements dans lesquels, il s’inscrit. Ces collaborations transfrontalières pourraient aussi permettre d’envisager un projet plus large à l’échelle alpine.

Les colloques 2018

Après une présentation à la Roman Archaeology Conference d’Edimbourg en avril, l’équipe RAMHA a eu l’occasion de présenter ses résultats et pistes de recherches lors de deux colloques en octobre. Une communication a été présentée dans le cadre d’un colloque inter-pyrénéen en Cerdagne (Catalogne) et un poster a été exposé au Colloque des Alpes qui s’est tenu à St-Gervais en Haute-Savoie. Ce dernier travail, qui bénéficie des nouvelles recherches communes avec les collègues valdôtains, a permis de développer les réflexions au niveau régional et d’en mieux évaluer les implications pour une interprétation historique des résultats. Le site https://www.andarpersassi.it ainsi que les échanges menés en 2018 ont largement contribué à ces réflexions.

Les accueils offerts à ces présentations ont été très positifs et elles donneront lieu à des publications en 2019-2020.

La table ronde de janvier 2019 

Les 17 et 18 janvier 2019, une table ronde s’est tenue à Liddes avec pour objectif de préparer au mieux la publication des études menées sur le site du Mur (dit) d’Hannibal. 

Chaque chercheur ou groupe de chercheurs ayant participé au projet (archéologue, géologue, historien, palynologue, anthracologue, carpologue, archéozoologue, spécialiste de sciences criminelles,…) y a présenté ses résultats préliminaires de manière à mettre à niveau les connaissances des autres participants avant d’entrer dans la finalisation des études et dans la rédaction en vue de la publication de la monographie de site. Des discussions ont ponctué les présentations et ont permis à chacun de s’exprimer. 

L’idée était également de sortir de sa zone de confort en se confrontant aux résultats des autres et des experts, externes au projet, ont également été invités pour jouer les critiques, les avocats du diable et commenter les travaux. Une délégation de collègues valdôtains était également présente.

Un travail de mémoire de Master pour valoriser ces recherches

Après un travail de mémoire de Master en muséographie, Aurélia Basterrechea réalisera en 2019 un second travail de mémoire en archéologie avec pour sujet, la valorisation des découvertes réalisées dans le cadre du projet RAMHA. Ce travail sera d’une grande importance pour la dernière phase de notre projet et pourra servir de feuille de route pour une mise en œuvre.

Tout un chacun pourra ainsi enfin profiter des années de recherches menées sur le Mur (dit) d’Hannibal…

Une nouvelle campagne de recherches ponctuelles et le développement de collaborations transnationales en été 2018

De juillet à septembre 2018, une série d’interventions de courte durée seront menées par le groupe scientifique RAMHA assisté de membres de l’association et de bénévoles.

Il s’agira en priorité de documenter un nouveau site repéré durant la campagne 2016, et de poursuivre les observations réalisées en une journée sur un site dont l’exploration avait également débuté en 2016. Des recherches ponctuelles sur des points de passage seront également opérées dans la région du Grand-Saint-Bernard.

Fig. 1, Région du Grand-Saint-Bernard, vue drone de l’équipe RAMHA en cours de prospections sur l’un des regroupements de cabanes repéré en 2016, ©RAMHA2018.

Une équipe d’archéologues de la surintendance de la Vallée d’Aoste a accompagné ponctuellement l’équipe RAMHA dans ces investigations et des recherches communes sont en cours de planification.

Dans cet ordre d’idée, des membres de l’équipe RAMHA se joindront à des interventions de la surintendance valdôtaine sur le territoire italien.

Si certains membres de l’association sont intéressés à accompagner l’équipe de terrain, ils peuvent très volontiers s’annoncer sur info@ramha.ch. Les dates et programmes des prochaines interventions leur seront transmises.

Fig. 2. Région du Grand-Saint-Bernard, détail du sondage ayant livré un niveau d’occupation charbonneux (défournements de foyer), ©RAMHA2018.

Les premiers jours d’investigations ont eu lieu à la mi-juillet et au début août dans le haut Val d’Entremont. Près d’une cinquantaine de cabanes ont ainsi pu être topographiées tandis qu’un niveau de défournement de foyer était documenté dans le cadre d’un sondage. Aucun objet ne peut pour l’instant être associé directement à cette occupation et des investigations complémentaires seront menées sur la position.

Nous vous tiendrons régulièrement au courant des résultats de nos investigations.

Etudes, contacts transalpins et nouvelles investigations

L’étude globale des résultats 2009-2016 sur le Mur (dit) d’Hannibal et des recherches préliminaires sur les autres positions de la région se poursuit. Les travaux des spécialistes ainsi que la synthèse générale donneront lieu à une nouvelle table ronde avec tous les intervenants de la publication en janvier 2019. Cette dernière permettra la synchronisation de tous les chercheurs et une planification détaillée de la suite des travaux.

Deux articles sont actuellement en cours de finalisation. Un article de synthèse dans le cadre de l’étude de l’inscription en alphabet de Lugano sera publié en 2018 dans le cadre d’un colloque international sur les inscriptions dédiées aux divinités tenu à Rome en 2017 (Parole per gli dèi, EGeA, Peter Lang, Genève).

Un second article sera publié dans le cadre de la Roman Archaeology Conference (RAC) d’Edimbourg qui se tiendra du 12 au 14 avril 2018 (lien).

En février 2018, une séance a pu avoir lieu à Aoste entre le responsable scientifique RAMHA, des chercheurs associés au projet et les responsables des recherches archéologiques de la surintendance de la Vallée d’Aoste (lien) avec de riches échanges d’informations. Les collègues valdôtains nous ont présenté l’état des recherches sur les nombreux sites de haute altitude mis en évidence dans leur région (lien). Un groupe d’amateurs effectuant des observations depuis de nombreuses années dans la vallée d’Aoste participait également à la séance (lien). Nous ne pouvons ici que relever le grand intérêt d’une science participative avec une implication de tous les acteurs de la société et espérer pouvoir développer de tels échanges en Valais.

Nous invitons ainsi toute personne ayant connaissance de vestiges de haute montagne à contacter l’archéologie cantonale valaisanne.

En 2017, le guide de montagne Hubert Caloz, nous a, par exemple, signalé une nouvelle position fortifiée dans le haut Val d’Entremont. Cette dernière fera l’objet d’investigations préliminaires en été 2018 mais elle s’intégrerait parfaitement dans le dispositif mis en évidence par nos recherches. Des investigations complémentaires seront également menées sur certains des sites déjà explorés en 2016 dans l’objectif d’en compléter nos connaissances. Ces travaux seront menés dans le cadre de la publication générale du Mur (dit) d’Hannibal. 

Pour assurer la poursuite de cette étude inédite, sa publication et sa mise en valeur, nos dossiers de recherche de financement ont été mis à jour et peuvent être téléchargés en français, en allemand et en anglais au lien suivant.

Remerciements et suite du projet

Nous profitons tout d’abord de cette page pour remercier Jean-Bernard Morel, notre caissier depuis la fondation de l’association. Après avoir mis en place et assuré pendant plusieurs années avec une grande précision la gestion administrative du projet, Jean-Bernard a émis le souhait de quitter sa charge. Sa remplaçante est Françoise Darbellay et nous la remercions chaleureusement de son engagement pour cette fonction, ô combien importante, pour la réalisation des objectifs RAMHA. Jean-Bernard assure encore un soutien à Françoise pour cette année de transition et nous lui transmettons toute notre gratitude pour cet investissement au-delà de sa charge.

Tous les prélèvements issus des campagnes 2009 à 2016 sont en cours d’étude auprès des spécialistes et la rédaction du rapport final d’intervention a débuté. Ce dernier devrait voir le jour durant le premier semestre 2018. Une table ronde réunissant tous les intervenants du projet sera réunie en automne 2018 pour la préparation de la publication monographique du projet. Les résultats préliminaires de tous les chercheurs ayant participé au projet seront présentés à cette occasion.

Les conditions particulières des occupations au centre de l’étude (haute montagne), les résultats riches et inattendus des campagnes de recherches et la grande variété des spécialistes intégrés permettent d’envisager ce projet comme un cas de référence pour l’arc alpin.

Pour arriver à la publication des résultats de nos travaux, il est encore nécessaire à notre association de réunir des fonds et c’est pour cela que nos dossiers de recherches de financement ont été mis à niveau et traduits en allemand et en anglais.

Ils seront bientôt disponibles sur le site ou à la demande par courrier.

Photo par Jean-Claude Meilland le 14 Octobre 2001

Suite à la transmission d’une photographie de l’inscription du Mur (dit) d’Hannibal de 2001 par un randonneur de la région, nous avons lancé un appel pour récolter toutes les informations ou photographies anciennes concernant le site et constituer des archives iconographiques. Nous invitons ainsi toute personne qui posséderait ce type de document ou de souvenir à nous contacter par email info@ramha.ch.

Après les fouilles…

Après 10 ans de recherches sur le terrain, les investigations sur le Mur (dit) d’Hannibal se sont terminées en août 2016.

Les travaux de tamisage et d’analyse se sont poursuivis dans la lancée. 

L’ensemble des sédiments récoltés en 2016 ont pu être tamisés dans les locaux de l’Archéologie cantonale valaisanne durant les mois d’octobre et novembre. La totalité des sédiments récoltés et transportés à dos d’archéologue durant les trois campagnes est d’environ 1500kg. Les os et graines issus des sédiments de 2009 à 2015 sont actuellement en cours d’analyse tandis que les prélèvements de 2016 sont en cours de triage. Ces derniers pourront être remis aux spécialistes d’ici l’été et l’ensemble des études spécialisées devrait pouvoir être bien avancé, voir terminé, d’ici la fin 2017.

Une table ronde de tous les scientifiques ayant participé au projet devrait pouvoir avoir lieu encore 2017 ou au début 2018, pour préparer la publication de la totalité des résultats obtenus.

Le mobilier archéologique récolté durant la campagne 2016 a pu être restauré grâce au soutien des Musées cantonaux du Valais et le dessin des objets devrait débuter prochainement.

Anneau de ceinturon en bronze de la fin de l'âge du Fer, ce type d’anneau est souvent associé à des épées en contexte funéraire et peut être lié au port de l’arme. (C) ConservArt Sàrl 2017.


Un nombre important de positions fortifiées et non fortifiées présentant des caractéristiques très proches des découvertes du Mur (dit) d’Hannibal nous ont également été signalées en vallée d’Aoste / IT (lien : www.andarpersassi.it/villaggi-salassi-aggiornamento/). Nous avons donc notifié notre disponibilité pour une rencontre et une présentation de nos résultats communs à nos collègues valdôtains et nous espérons développer une collaboration transfrontalière pour l’étude de l’ensemble de ces sites d’altitude des Alpes pennines.

En septembre 2016, le colloque scientifique autour de l’inscription découverte sur le Mur (dit) d’Hannibal par Anne-Françoise et Vincent Quartier-la-Tente a été un réel succès et a permis d’avancer sensiblement sur la compréhension de l’inscription et sur la connaissance de ses détails de fabrication. Michel Aberson, professeur à l’UNIL, s’est fortement investit dans cette recherche et l’organisation de ces deux jours d’étude a été soutenue par l’université de Lausanne (UNIL) et par l’association RAMHA. Les participations des professeurs Filippo Motta et Rudolf Wachter ainsi que celles de Stefania Casini et Angelo Fossati, spécialistes de ce type d’inscriptions ou linguistes ont été précieuses, les apports de notre géologue Michel Guélat, des spécialistes de l’Ecole des sciences criminelles de Lausanne Eric Sapin et Quentin Millet, du tailleur de pierre professionnel Romain Fischli et des premiers témoins de la découverte de l’inscription ont également été importants, sans oublier les contributions de l’archéologue cantonale du Valais Caroline Brunetti et de Philippe Curdy, conservateur au Musée d’Histoire du valais et archéologue spécialiste de la protohistoire et des questions de montagne.

Quelques membres de notre association et des étudiants ont également profité de cette séance.

Ses principaux résultats sont :

- la démonstration que l’état de conservation de l’inscription n’est pas incohérent avec une réalisation antique.

- la validation des spécificités celto-latines formelles et linguistiques de l’inscription.

- l’inversion du fardeau de la preuve en ce qui concerne l’authenticité de l’inscription même si un doute méthodologique doit continuer à exister.

- la réhabilitation d’une possible lecture d’un R latin comme quatrième caractère de la seconde ligne de l’inscription. Ce qui réouvrirait la possible lecture d’une forme du verbe de la dédicace « ieuru » sous la forme « ieureu » pour la seconde ligne.

Une nouvelle publication de l’inscription dans le cadre d’un article de synthèse est en discussion entre les principaux intervenants de la table ronde. 

Dans les découvertes étonnantes réalisées en 2016 par l’équipe RAMHA figure également cette magnifique hache du Bronze moyen. Près de 1500 ans plus ancienne que les vestiges du Mur (dit) d’Hannibal, elle a été découverte sur l’un des cols de l’arête frontière à plus de 2600m d’altitude. Isolée, elle peut probablement être interprétée comme un dépôt votif lié au passage.

Hache du bronze moyen. (C) ConservArt Sàrl 2017.

Une dernière campagne riche en découvertes…

La dernière campagne de recherches de terrain menée dans le cadre du projet d’étude du Mur (dit) d’Hannibal s’est achevée le vendredi 19 août.

Mur (dit) d’Hannibal / deux membres de l’équipe de fouille et Kiba en train de documenter les sondages dans la zone protégée à l’intérieur de l’enceinte principale, le 8 juillet 2016.

Les trois semaines de documentation complémentaire sur le site éponyme du projet ont permis de consolider nos connaissances des infrastructures et des occupants de ce site très particulier. La datation de l’ensemble des principaux aménagements à l’époque tardo-républicaine et l’occupation de la position par des troupes romaines sont à présent confirmées.

Mur (dit) d’Hannibal / la neige couvre le site mais la fouille du bâtiment 20 se poursuit sous la serre, le juillet 14 juillet 2016.

Les niveaux d’utilisation de plusieurs bâtiments ainsi que diverses traces de passages ponctuels postérieurs à l’occupation principale ont pu être documentés. La présence d’un clou de chaussure tardo-républicain dans l’un des abris du secteur extérieur au nord-est de l’enceinte permet également de discuter l’hypothèse de travail selon laquelle la majorité des aménagements du site appartiendraient à une même phase.

Après les travaux sur le « Mur », il a été décidé de réorienter pendant quatre semaines les travaux sur différents autres sites régionaux présentant des caractéristiques proches de celles du Mur (dit) d’Hannibal.

Col sur l’arête frontière / l’équipe RAMHA documente un nouveau site. Les investigations permettent de dater le mur qui s’y trouve de la même période que le Mur (dit) d’Hannibal.

Trois sites fortifiés ont ainsi pu être documentés dans la région du Grand-Saint-Bernard. Deux de ces positions, entre 2600 et 2700m, ont été datées de la même période que le Mur (dit) d’Hannibal. Le matériel qui y a été découvert, bien qu’en faible quantité lors de ces travaux préliminaires, est très semblable au mobilier du Mur (dit) d’Hannibal et les grands murs qui y ont été construits sont proches voire identiques aux découvertes lidderaines. Un peu plus de 300m de fortification a également été documenté sur le troisième col étudié, à plus de 3000m d’altitude. Plus d’une centaine de bois y ont aussi été recensés en contre-bas de la crête fortifiée du côté Suisse. L’occupation principale se trouvant cependant sur versant italien et le versant Suisse ayant été fortement modifié par l’activité glaciaire récente, aucun mobilier autre que des bois, n’a pu y être découvert. Une série de bois prélevés lors de travaux de recherche de ces dernières années avaient déjà été datés de l’époque romaine sur ce dernier site et ces vestiges pourraient être en faveur d’une occupation contemporaine du Mur (dit) d’Hannibal et des deux nouveaux sites datés.
Un site semblable nous a également été mentionné par des collègues valdôtains sur un col menant du haut de la Vallée du Grand-Saint-Bernard (IT) à Courmayeur.

3000m d’altitude entre la Suisse et l’Italie / après avoir passé une semaine à documenter des vestiges d’époque romaine au dessus d’un glacier, l’équipe s’apprête à redescendre dans la vallée.

Après la campagne 2016, Il est donc possible de réfléchir non plus en termes de position isolée mais d’un complexe fortifié de la période tardo-républicaine entre le haut du Val d’Entremont (CH) et la haute Vallée du Grand-Saint-Bernard (IT), à la périphérie du Col du Grand-Saint-Bernard.

… et des recherches qui se poursuivent …

Une table ronde autour des questions que pose l’inscription en alphabet de Lugano repérée en 2005 ouvre en ce début septembre 2016 les travaux de groupes et colloques qui mèneront à la publication des résultats des 10 ans de recherches archéologiques autour du Mur (dit) d’Hannibal.
Une fois les sédiments prélevés en 2016 tamisés, les nombreuses études spécialisées entamées seront menées à terme (carpologie, archéozoologie, anthracologie,…) et complèteront les études géologique et palynologique réalisées en 2015-2016. L’ensemble de ces résultats sera associé aux analyses archéologiques lors d’un colloque réunissant tous les spécialistes ayant participé au projet en 2017-2018.

mais un projet toujours en quête de nouveaux soutiens !

Les résultats obtenus lors des trois campagnes de recherches RAMHA ont été au-delà de toutes attentes et ont permis, avec des interventions ciblées et peu destructives, d’appréhender en trois ans, un site archéologique très particulier du paysage alpin. Des interventions préliminaires sur plusieurs autres sites locaux ou présentant des caractéristiques semblables permettent également de mieux insérer les vestiges étudiés dans un contexte environnemental et historique régional.

C’est donc une page méconnue de l’histoire qui est réécrite dans le cadre de ce projet académique interdisciplinaire peu commun mené par une association à buts non lucratifs pour laquelle œuvre un groupe très actif de bénévoles.

La logistique de ces recherches de terrain et les études spécialisées nécessaires à leur élaboration, ainsi que la valorisation des découvertes, nécessiteront cependant encore de nombreux moyens.

Tous les soutiens, même les plus petits, sont donc les bienvenus pour l’association RAMHA et nous nous tenons volontiers à disposition pour vous transmettre plus d’informations ou venir vous présenter notre projet.

La campagne 2016 démarre…

Après des mois d’études et de rapport, la dernière campagne de recherches sur le Mur (dit) d’Hannibal vient de débuter.

L’équipe est sur le site du Mur (dit) d’Hannibal du lundi 04 au vendredi 22 juillet. Les objectifs principaux de ces trois semaines seront : la poursuite de la cartographie et de la documentation des vestiges et l’étude de la moitié d’un grand bâtiment situé à l’extérieur de l’enceinte principale.

Les conditions météorologiques semblent particulièrement favorables en ce début juillet et ont permis une mise en route efficace.

Après ces trois semaines sur le « Mur », l’équipe RAMHA se rendra sur différents autres sites régionaux, présentant des caractéristiques proches du Mur (dit) d’Hannibal pour y effectuer des recherches comparatives préliminaires du 25 juillet au 19 août.

Vue drone du site archéologique et de la base de recherches RAMHA du Mur (dit) d’Hannibal (RAMHA, juillet 2016).

Premier décapage sur l’emprise du grand bâtiment extérieur L020 (RAMHA, juillet 2016)

De belles perspectives pour 2016…

Les travaux pour le rapport de la campagne 2015 vont bon train. L’informatisation des plans et le dessin de la moitié du mobilier sont déjà réalisés.

La seconde partie du mobilier découvert lors de la campagne 2015 a pu être restauré et est en cours de dessin et de détermination.

Fig. 1 Photographie de l’intérieur de la douille de la grande serpe découverte en 2015, en jaune des lignes radiales et en bleu un cerne de croissance du bois (Werner Schoch, mars 2016)

Le bois constituant le manche de la grande serpe découverte en 2015 a également été étudié par Monsieur Werner Schoch, spécialiste des bois archéologiques. Il s’agirait d’un manche en prunellier taillé dans la masse d’une grande buche (Fig.1). Ce bois dur et résistant est encore utilisé aujourd’hui pour la confection de manches d’outils, de garnitures en coutellerie ou pour la fabrication de cannes.

L’étude des carottes sédimentaires réalisées dans le lac de Champex est également en cours et permet d’assurer de la grande ancienneté de ce dernier. Les premières observations de l’équipe de l’université de Berne permettent ainsi de remonter jusque vers 15000 avant aujourd’hui pour les dépôts les plus profonds.

C’est donc l’ensemble de l’évolution de la végétation et du climat de la fin de la dernière période glaciaire à aujourd’hui qu’il sera possible de restituer à partir de ces prélèvements. Un type d’étude qui reste inédit au niveau local et rare au niveau régional.

Une excellente nouvelle nous est également parvenue du côté de nos finances avec un important soutien financier de la Fondation UBS pour la culture qui nous a versé un don de 15’000.- francs suisse (Fig. 2) pour la poursuite de notre projet et nous la remercions chaleureusement.

Fig 2. Remise du chèque de soutien de la Fondation UBS pour la culture par les responsables de l’UBS Valais en présence de Madame Caroline Brunetti, Archéologue cantonale, 03 février 2016, (RAMHA).

Post-fouille et études spécialisées

440 kg de sédiments issus de la fouille de niveaux d’occupation ont été prélevés lors de la campagne 2015 sur le site du Mur (dit) d’Hannibal.

Conditionnés et transportés à dos d’homme jusqu’à l’Alpage du Cœur, ces prélèvements ont ensuite été stockés à Liddes.
Durant le mois de novembre 2015, l’ensemble de ces prélèvements ont été tamisés par une équipe de l’association RAMHA dans des locaux mis à disposition par l’Archéologie cantonale valaisanne.

Ils seront par la suite déposés auprès d’un spécialiste pour être triés. Les macrorestes seront transmis à l’université de Zurich pour étude, tandis qu’une évaluation des coûts pour l’analyse des restes de charbons de bois sera établie en collaboration avec le laboratoire d’anthracologie rattaché au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.

Plateforme de forage de l’université de Berne sur le Lac de Champex.

Début octobre, plusieurs carottages ont été effectués dans le Lac de Champex par une équipe de l’université de Berne en vue de la réalisation d’une étude palynologique. Des colonnes de sédiments d’une hauteur de près de 6 m ont ainsi été prélevées. Celles-ci seront étudiées dans le cadre de travaux pratiques universitaires en début d’année 2016 et devraient permettre de restituer l’évolution de la végétation en moyenne altitude dans le Val d’Entremont depuis la dernière glaciation. Les évolutions climatiques et les impacts humains sur l’environnement (déboisement, agriculture, …) pourront ainsi être mis en évidence.

Deux prélèvements plus restreints, effectués dans un marécage à proximité du Mur (dit) d’Hannibal, seront également analysés pour essayer de fournir une image micro-locale de l’évolution de la végétation sur le site. Ces deux images pourront ensuite être comparées.

Au-delà de l’étude archéologique, le projet de l’association RAMHA devient aujourd’hui, une véritable enquête interdisciplinaire. Comme très peu de cas semblables sont publiés pour la haute-montagne dans les Alpes, ces recherches pourraient constituer un travail de référence.

Bilan de la campagne 2015 sur le Mur (dit) d’Hannibal

Si la campagne de terrain 2015 s’est déroulée dans d’excellentes conditions météorologiques et a été très riches en nouvelles informations et surprises, nous ne pouvons oublier une bien triste nouvelle.

Théo Lattion, notre doyen et le précurseur de nos recherches, s’en est allé à l’âge de 102 ans pendant nos travaux. Sans lui, nous ne serions pas où nous sommes et c’est une partie de la mémoire d’une région qui nous a quittés. Quelle chance que d’avoir pu te connaître et d’avoir pu passer des moments en ta compagnie!

Si l’un de tes plaisirs était de suivre l’avancée de nos recherches, nous ne pouvons que te les dédier.

Fig. 1 - Théo Lattion sur le Mur d’Hannibal en compagnie du chanoine Lucien Quaglia, le 7 août 1979 (photo Solange Lattion).

En 2015, nos recherches nous ont menés à l’extérieur du mur d’enceinte principal.

Sur un promontoire au sud de la position, nous avons pu observer plus d’une dizaine de foyers.

La documentation de surface des zones extérieures du site a également été complétée. Le nombre d’aménagements documentés (abris sous bloc et fonds de cabane) dans les secteurs périphériques a ainsi été doublé.

Un petit barrage, aménagé sur le point d’eau du site, a également été repéré. Il ne peut malheureusement pas être daté mais constitue une infrastructure très intéressante.

Un sondage à l’intérieur de l’enceinte a également livré le plus imposant bâtiment documenté jusqu’à aujourd’hui sur le site. Ses dimensions intérieures de 6.5m par 2.5m sont plutôt un standard de plus basse altitude. Plusieurs niveaux d’occupation et du mobilier ont pu y être étudiés.

Nous avons également eu la chance d’être à nouveau soutenus par Archéotech SA qui a effectué plusieurs vols drone pour augmenter la qualité de nos relevés généraux. Ceci nous offre un incroyable outil pour la documentation du site et, à terme, pour sa mise ne valeur.

Fig. 2 - Vue générale du modèle 3D général du Mur (dit) d’Hannibal d’après le relevé drone 2015 (Archéotech SA).

Cette année a également été marquée par des collaborations interdisciplinaires.

Le géologue Michel Guélat a accompagné l’équipe de terrain pendant une semaine et réalisé la cartographie géomorphologique et géologique du site. Une collaboration avec l’institut d’étude des plantes de l’université de Berne est également en train de se mettre en place. Cette étude permettra d’intégrer le site étudié dans un contexte paléo environnemental local et régional.

Les découvertes 2015 renforcent en partie notre hypothèse de travail principale. Le site aurait d’abord été aménagé par des indigènes avant d’être réoccupé par des militaires romains pendant la période tardo-républicaine (écailles d’armure, bague, armement offensif, clous de chaussures, …). L’occupation indigène reste cependant encore difficile à caractériser sur le terrain ou par le mobilier.

Fig. 3 - Grande serpe en fer avec fragment de hampe en bois (RAMHA 2015).

La mise en évidence d’une monnaie du IIIe siècle après J.-C. et de clous de chaussures romains de petite dimension est également une nouveauté de la campagne 2015. Le site n’a donc pas été oublié après les événements du premier siècle avant J.-C. et il a probablement continué d’être un lieu ponctuel de passage.

La rédaction du rapport d’intervention 2015 est en cours. Ce document présentera non seulement les nouvelles zones de fouilles mais également l’ensemble du matériel retrouvé et étudié.

Le Mur (dit) d’Hannibal n’a pas livré l’ensemble de ses secrets et ne les livrera probablement jamais. Il se laisse cependant apprivoiser au fil des campagnes et nos travaux permettent chaque année de lever un peu plus le voile sur cette extraordinaire occupation.

Après de si fructueuses campagnes 2014 et 2015, notre dernière campagne sur le site en 2016 s’annonce passionnante.